Jean-Claude Rochette et Josée Girard sont des artistes qui font carrière sur la Côte-Nord. Ils vivent à Baie-Comeau et sont venus sur la Basse-Côte-Nord quelques fois pour présenter des spectacles et donner des ateliers. Nous avons profité de leur présence à St. Augustin pour leur poser quelques questions.

- Depuis combien de temps est-ce que vous avez été des acteurs?
Jean-Claude : 50 ans
Josée : 35 ans. Jean-Claude est né dans une famille d’artistes.
- Est-ce que vous faites d’autres formes de spectacle (chanter, danse)?
Jean-Claude : Chanter, oui. Je suis sonorisateur aussi et metteur en scène.
Josée : J’écris des pièces de théâtre, je fais de la mise en scène, je suis enseignante en littérature et théâtre, animatrice de radio et technicienne de scène.
- Est-ce que vous voyagez en dehors de notre pays pour faire vos spectacles?
Josée : Non. Parce que venir en Basse-Côte-Nord c’est comme voyager, faire un spectacle dans un autre pays. Ça demande les mêmes conditions; préparation du cargo, construire l’horaire; c’est très complexe. Moi, j’ai fait une formation en international et j’ai adapté ça à la réalité de la Basse-Côte-Nord. Pour pouvoir venir en Basse-Côte-Nord avec les spectacles; c’est comme à l’international.
- Comment est-ce que vous avez commencé votre carrière d’acteurs sur la Côte Nord?
Jean- Claude: En jouant et en s’amusant, avec la famille; on est huit enfants, frères et sœurs. J’ai commencé juste pour m’amuser. Et après ca, c’est la ligue d’improvisation en 1983.
Josée : C’est l’amour qui m’a amenée sur la Côte Nord et j’ai commencé à jouer pour la compagnie qui a été à Baie-Comeau, C’est une compagnie professionnelle qui est pour la Côte-Nord. Je suis arrivée en 1994. Je suis allée à l’École de théâtre. J’ai été à l’université à Chicoutimi, et l’université de Québec à Montréal.
- Est-ce que vous souhaitez aller présenter votre spectacle à quelques places spécifiques dans le monde?
Jean-Claude : Partout. Notre souhait est ça; jouer partout. Pour nous de venir ici en St. Augustine c’est un souhait, parce qu’on a fait une tournée sur le Basse-Côte-Nord en 2017, et ici on n’a pas pu venir à cause du transport. C’est sûr qu’on est contents de venir ici cette année pour finir la tournée de 2017.
Josée: On a commencé en 2017, on n’a pas pu venir ici à cause du bateau, ni à Port-Menier. En juin 2018, on a été à Port-Menier, et on a fait en sorte de venir ici. En 2019 on a réussi à venir ici. On a trouvé que c’est important de venir vous voir. Parce qu’on a eu une subvention du Conseil des arts de lettre de Québec pour pouvoir faire les tournées, et quand je suis arrivée je dis “Écoutez! On veut aller à St. Augustine, on va finir notre tournée à St. Augustine” C’est important.
Jean-Claude : C’est un souhait aussi.
Josée : Pour nous, c’est comme partout dans le monde, c’est important.
- Combien de temps ça vous a pris pour vivre de votre art?
Josée : J’ai beaucoup de métiers parce que ça prend beaucoup de métiers pour vivre de son art. On travaille toujours dans domaines des arts, à la salle des spectacles, lui est technicien, moi j’enseigne dans les écoles, j’ai donné des ateliers, je vais travailler à la radio. On a toujours gagné notre vie dans domaines culturels. C’est rare.
Jean-Claude : Jai déjà fait autre chose avant, je déjà été arpenteur.
- Quelles étapes est-ce que vous avez prises pour atteindre vos objectifs?
Josée: Quand j’été petite, quand j’allais voir des spectacles, je ne comprenais pas pourquoi j’étais assise dans la salle. J’ai toujours cherché comment me rendre sur la scène, et un jour je me suis rendue là. J’ai été a l’école aussi et j’ai passé les auditions.
Jean-Claude : La vie a fait en sorte que je fais toujours qu’est ce que j’aime faire. La vie a mis les arts sur mon chemin.
- Vous avez développé une stratégie pour des enfants anglophones (STOP,GO)… Est-ce que vous pensez que vos spectacles aident des enfants qui ont des problèmes avec le français?
[NDLR “Le stop and go” consiste à arrêter le spectacle lors des moments-clés pour laisser le temps aux enseignants de traduire et poser quelques questions aux élèves, pour s’assurer que tout le groupe suit l’histoire qui est dans leur langue seconde.]
Josée: Oui, je te dis comment c’est arrivé le stop et go. On a été en 2011 faire un tournée à Blanc-Sablon, quand la directrice de l’école de St Pauls a su qu’on est là, elle nous a demandé d’aller faire les spectacles pour les secondaires à Vieux Fort et à St Pauls, pour qui le français est la 2e langue. Moi, j’ai trouvé le truc. Il y a un exercice qu’on faisait dans les ateliers de théâtre avec le stop et go et j’ai transposé ça a notre spectacle pour faire le stop et go.
Jean-Claude : Il y a des choses que tu peux ne pas comprendre dans notre spectacle, les mots, mais tu peux comprendre l’histoire. Le théâtre peut aider avec ça, comme si moi j’écoute un film en anglais, mon anglais n’est pas très bon, mais si j’écoute un film, je peux comprendre l’histoire, même si je ne sais pas tous les mots.
- Est-ce que votre spectacle est spécifiquement pour des enfants ou est-ce que vous faites des spectacles pour des adultes aussi?
Josée : On en fait pour le grand public, il y en a pour les adultes aussi, et les adolescents. Ca dépend, nos spectacles s’adressent à tout le monde et parfois il s’adresse à un public précis. Mais c’est du théâtre de création qu’on fait. Nous créons nos spectacles. C’est important pour nous.
- Selon vous que sont les meilleures parties de cet emploi?
Josée : Partir pour rencontrer des gens, comme on le fait maintenant. On arrive dans un endroit, notre premier contact c’est l’école. Après ca, on se promène dans la communauté. Pour nous, c’est pour voyager avec notre travail. On fait des bonnes rencontres. On aime voir la vie aussi de l’endroit. On a vu le feu, on a vu quelqu’un partir en ambulance, on découvre votre milieu de vie, c’est tellement intéressant pour nous. Mais c’est normal pour vous.
Jean-Claude : Pouvoir rencontrer avec les gens et de jouer, faire nos spectacles, et les échanges avec les gens.
- Est-ce que vous avez des conseils pour les enfants qui rêvent d’avoir un emploi dans les arts dramatiques?
Josée : Suivre sa passion. J’ai essayé de m’en aller de ce métier, mais c’est comme si la vie me disait “non” et me ramenait là. Mon père trouvait ca terrible, il voulait que je sois avocate. Il me demandait si c’était payant, mais c’est pas ça qui est important. On arrive toujours à se débrouiller quand on fait ce choix. C’est pour ça qu’on a plusieurs métiers. On se trouve des solutions, c’est pour ça qu’on a plusieurs métiers aussi. On est créatifs.
Jean-Claude : C’est comme naturel pour moi de le faire ça (les arts).
- Vous avez fait votre carrière sur la Côte Nord, comment est-ce que tu penses qu’elle influence votre vie dans les arts dramatiques?
Josée : La Côte Nord j’en ai besoin; elle nourrit ma créativité, et dans la ville je m’éteins, je deviens fade. Et on a plus facilement accès à des infrastructures, un réseau, sur la Côte-Nord qu’en ville il faudrait payer. On peut écrire le matin puis aller marcher en plein-air ensuite et revenir écrire. Les artistes de Montréal quand ils viennent ici ils sont jaloux!
Jean-Claude: La liberté de tout, après ça j’ai choisi mon chemin et c’est le chemin qui était déjà tracé. Si on était dans la ville, il faudrait aller flipper des burgers chez McDonalds. *Tout le monde rit*
Entrevue par Jaylyn Fequet et Brooklynn Beaudoin-Driscoll,
Secondaire 1, École St. Augustine School
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